< Exemple de RPG >~ In the unknown world ~ [Terminé]

L’océan noir n’est qu’un vaste terrain de rien, où mes yeux et mes songes se perdent comme engloutis par des ténèbres que je crée pour ma plus grande décadence. Je dors. Mais aucun rêve ne vient enjoliver les choses de leurs courbes enchanteresses. Je n’aime pas ne pas rêver et être paumé dans mes propres limbes, seule face à l’immense vide noir. Il faut que je me réveille, que mes pupilles s’ouvrent…

Ma main se serre sur le lit, agrippe les draps, alors qu’une longue inspiration se fait entendre, je sors de ma pseudo léthargie pour saluer le monde… Et quel monde. La chambre, vaste, moderne, dans des tons noir et blanc, est loin d’être celle qui m’a vu grandir. Mes mirettes s’écarquillent, ma tête se tourne brutalement, peut être un peu trop, la table de nuit danse un instant devant moi, pigmentée par des tâches blanches. Comment exprimer le sentiment qui me traverse? Un instant paniqué, l’autre je suis une boule de nerf qui saute au sol, butant dans une grande valise. Rouge… C’est l’une de celle que je range sous mon vrai lit… Allez savoir par quel miracle elle est à mes pieds.

Hier, aujourd'hui... Je ne sais plus, mais ce putain de rendez-vous me reviens en tête. L'odeur de l'Ether plâne encore dans mon nez comme une mauvaise blague.

Ma mâchoire se contracte, mes petits poings se serrent. Je soulève la valise d’un geste colérique pour l’ouvrir violemment, la retournant sur le grand lit à baldaquin… Affaire, affaire, AFFAIRE! Rien d’autre! Ah! Que de belles choses, mais des choses dont je me fous à ce moment précis.

Réfléchis! Réfléchis! Réfléchis!
Mes doigts tapotent mes tempes.
Sers toi de ta tête putain!

Le bagage se voit expulsé à l’autre bout de la pièce alors qu’un « merde » passe mes lèvres. Oui, MERDE! Où je suis? Les nerfs me montent, mon estomac se contracte… Comme quand vous avez un poids sur la conscience, et dans ces moments les larmes montent aux yeux sans jamais couler.
La rage, la haine…
L’envie de tout détruire, tout ce qui vous entoure, de faire du mal autant que de vous en faire…
L’explosion, l’implosion dans votre abdomen.
Affreuse sensation… Que je trouve tout aussi excitante. Aller savoir pourquoi, j’aime être hors de moi.

Rapide, je passe une première porte qui m’amène dans un salon raisonnable. Mais je m’en tape comme de ma première dent, je me jette sur la première fenêtre que je vois pour passer la tête à l’extérieur. Devant une hauteur aussi impressionnante, je vois mes espoirs de sortir par ici totalement vain. Et la forêt qui entoure l’espèce de manoir ne me rappelle absolument rien… Portable! Il me faut mon portable! Je tape la poche de mon corsaire noir, et la bosse et là… Je sors le téléphone…
Pour voir qu’il n’y a aucun réseau! Aucun réseau… Ma main se crispe sur l’objet, et je le balance contre le mur voisin, de toute ma rage. Le bouquant qu’il émet quand il se brise, je ne l’entend pas, je suis dans une bulle à moi, imperméable au chose qui m’entoure.
Le silence se fait total, et je me sens abominablement seule… Perdue… Les filles comme moi, nous ne pouvons pas les laisser seules! Gâchis grotesque.

Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire j’ouvre la porte en face de moi que je présume la sortie. Bingo. Un long couloir aux multiples portes me nargue de son manque de vie, alors que je passe une main dans mes cheveux, pour les remettre en place, certes, mais aussi pour essayer de me détendre un minimum.

~ Y a quelqu’un ?, dis-je dans un murmure.

Bien sûr, on ne va pas m’entendre… Évidement ma colère à retenu l’intonation que je voulais y mettre… Alors je m’avance devant la première porte, celle à la gauche de la chambre dans laquelle je me trouvais, pour la bombarder de coups, cela saupoudré de quelques:

~ Ouvrez moi!

Répétitif et détestablement haineux.
Et quand je vois que rien ne vient, je me met à une autre porte pour répéter la scène…
Jusqu’à ce qu’une poignée se baisse, me prouvant que je n’étais pas seule…

C'est une blonde pulpeuse qui abaisse la poignée. Arrogante à en crever elle me toise de toute sa hauteur alors qu'un vent glacial passe ses lèvres pour s'échouer dans mes tympans. J’en frissonne de déplaisir, fermant les yeux en crispant la mâchoire un instant. J’ai juste envie de lui bouffer la gueule, au sens propre. Mes nerfs… Douce torpeur s’emparant de mon ventre pour le malaxé de ses mains avides de rage. Je suis à la merci d’une colère et d’une incompréhension latente, et elle ne trouve rien d’autre à faire que de me poser une question stupide! Stupide! Détestablement débile cette fille, j‘aurais presque pitié d‘elle, au point de vouloir lui faire manger le mur, au sens propre. De détruire ce qu’elle est et son visage d’ange. Comme si me retrouver cloîtrer dans une chambre que je connais pas n'est pas suffisant, il faut que la première personne que je croise me parle comme si j'étais une merde qui lui faisait perdre son temps. Ah! Elle est belle la poupée Barbie, les bras croisés sur la poitrine, l'air si sûre d'elle... Il est où Ken? A la plage? A la maison? Il joue avec ma patience?

~ Où nous sommes?, répété-je un sourcil levé, interloquée.

Nous, les femmes, nous avons la particularité de ne pas pouvoir nous blairer au premier coup d'oeil. Tout est une question d'apparence et d'aura. Nous savons celle que l’on doit apprécier, elles se tiennent comme ça et pas comme ceci, elles parlent calmement et pas froidement… Nous avons toutes des critères spécifiques.
Et bien voilà, toi tu n’as aucun de mes critères, donc je ne t'aime pas… Tes grands airs de Dame et le balais que t'as dans le cul m‘horripile tu peux pas savoir. Tu me diras, je n'aime pas grand monde, mis à part moi... Mais peu importante. Nous ne sommes pas là pour savoir qui j’apprécie.

Son ton et le reste me déplaise fortement et il ne faut pas être sorti d'une grande école pour le comprendre. Je suis sur les nerfs, totalement paumée. Le pire c’est que je tape aux portes! Moi, qui attend toujours qu'on vienne me chercher, moi! ma fierté étant planquée bien loin, tellement loin que j'en aurais presque oublié de me redresser. Donc je le fais en posant mes mains sur mes hanches, je suis classe, du moins juste ce qu’il faut.

~ Parce que vous croyez que je serais venu taper à votre porte en vous demandant de m'ouvrir si je savais où nous étions? craché-je en un souffle méprisant. Comme si c’était dans mes habitudes de prendre les gens d’un point A pour les amener au point B à la force de mes bras dans cette splendide demeure que j’aurais pu me payer seulement en étant millionnaire! Et pourquoi? Ah! C’est un mystère.

Je secoue la tête de droite à gauche tout en me faufilant rapidement dans ses appartements. Après tout elle ne pouvait pas savoir si j’aurais été dans la possibilité de tout manigancer, ou même si j’étais millionnaire. Mais là, franchement je n’avais pas envie de me dire que rien n’était évident et que, ah, même, ça pouvait très bien être elle qui m’avait traîné jusqu’ici. Comment? Et bien rien ne l’empêcher d’avoir des gens à sa botte, prêchant ce qu’elle prêche dans le simple but d’avoir une récompense digne de ce nom.

~ Je m’appelle Eden, j’ai 20 ans, je suis Anglaise, j’ai reçu une lettre pour la participation à un grand jeu me promettant de l’argent et de la popularité. Je me suis laissée tenter sauf que le rendez-vous était foireux!, dis-je finalement, en passant la tête par la fenêtre.

Encore une fois, la personne qui nous avait mise ici ne voulait absolument pas qu’on en sorte. Rochers pointus à la réception, je grommelle doucement en claquant ma main contre le mur extérieur, rageuse et brutale. Si j’avais pu, j’aurais fais de chaque pièce de cette demeure un lieu d’expression, j’aurais retranscris à merveille ma colère.

~ Merde! Merde! Et merde!, hurlé-je hors de moi en me retournant vers Barbie. Vous êtes qui vous? Millionnaire, un peu psychopathe sur les bords, vous aimez les jolies filles et vous ne saviez pas comment exprimer votre attirance pour moi?, lancé-je cynique. Si c’est pas le cas c’est qu’on dois avoir un point en commun… Ou alors c’est un dingue totalement désordonné qui nous a foutu ici.

Respire Eden, respire.
Elle reste calme et impassible face à ce qui lui arrive, peut être croit elle qu’avec son visage d’ange on va la laisser sortir en se disant que ce joli agneau va se faire manger par le grand méchant loup. Mais Barbie est une peste comme une autre, et je déteste ses manières tout autant que ses paroles. Elles me brûlent les oreilles et sont plutôt difficiles à digérer. Alors, Isaline, je te saute à la gorge maintenant pour essayer de voir sur tes traits un petit air paniqué ou j’attend un peu et j’essaie à mon tour de me détendre? Le choix risque d’être compliqué, surtout que, franchement, j’ai pas dans l’optique d’être super sympa avec toi. Mon talon d’Achille? Ma colère latente, le fait qu’on enferme une fille comme toi avec une fille comme moi et, surtout, le fait de penser qu’on est peut être là parce qu’on a un point commun. Non, franchement, je vois pas. J’ai tout pour moi, et toi t’es une romancière calme et platonique.
Va te faire voir!

Le pire, c’est qu’elle ose me donner des ordres. Vient chercher avec moi d’autres personnes ici présentent… Et elle veut pas que j’aille lui chercher un rouge à lèvre rose bonbon avec des petites barrettes assorties? Je la coiffe, la maquille, on se dit des trucs de filles et on est les meilleures amies du monde!
Qu’elle redescende sur Terre, on est pas dans la maison de Barbie et je suis loin d’être à son service à cette garce prétentieuse. Et c’est quand je pense à ça qu’elle me relance avec une pique d’une ironie qui me donne la gerbe. C’est un sourcil levé qui accueil sa réplique, que je trouve moyennement appréciable, et j’entrouvre la bouche d’un air narquois et moquer. On l’a sûrement pas mise là pour son esprit social et son respect de l’autre…

~ Vous m’excuserez je n’ai pas eu la chance de m’être paisiblement endormis sur un lit à l’hôtel avant d’atterrir ici. Tout le monde n’a pas eu la chance de Mademoiselle la romancière!

J’ai de quoi être railleuse, moi. J’ai subit mon kidnapping, elle elle dormait tranquillement quand c’est arrivé. Alors qu’elle ne vienne pas faire la grande avec ses belles phrases et sa zen attitude qui m’exaspère! Pourtant, et bien que je l’ai en travers de la gorge, je me détache de la fenêtre pour avancer d’un pas gracieux vers le couloir… Non sans un regard lui faisait clairement comprendre que je ne la porte absolument pas dans mon cœur. Elle n’a sûrement pas besoin de ça pour être sur la même longueur d’onde que moi, c’est évident on ne peut pas se piffrer.
Voilà un point commun, un!

Aussi j’ai repris de ma superbe. Le buste droit, la tête haute, les bras le longs de mon corps. Je suis telle une gravure de mode prête à défiler sur les grands podiums ou, même, allant poser fièrement pour la couverture de Vogue. Plus calme et largement moins hystérique, je jette un coup d’œil rapide dans le couloir tout en essayant d’étouffer la colère qui fait rage au sien de mon estomac.

~ Oh! Et vous comptez être horripilante tout le long de notre recherche ou vous allez dégonfler vos chevilles tout en ravalant votre venin? Oui, il faudrait que vous appreniez à prendre un peu sur vous…, dis-je indifférente, ne prenant même pas la peine de la regarder.

Un petit sourire froid vient border mes lèvres alors que j’arrange tranquillement ma petite chemise blanche.

~ Et puis, on la commence par où notre recherche? Vous comptez taper à toutes les portes comme j’ai pu le faire ou on va directement à la porte d’entrée pour voir si elle est ouverte?

Au fond, pour moi, ce qui m’importe c’est de me tirer au plus vite, pas de voir si la vie va bon train ici…